Election américaine : une société encore trop macho pour élire une femme ?

  • Nov 08, 2024

Au petit matin du mardi 6 novembre, les élections américaines ont livré leur verdict. Annoncés serrés depuis des mois, les résultats sont cependant nets et sans équivoque. Donald Trump, le candidat républicain de 78 ans l’emporte plutôt facilement face à Kamala Harris, avec 295 grands électeurs contre 226 pour la candidate démocrate. Après Hilary Clinton, la Maison blanche se refuse ainsi une nouvelle fois à une femme. Un échec qui, au-delà de l’ancienne vice-présidente américaine, résulte de choix hasardeux et empreints d’hésitations du parti démocrate à donner de réelles chances à sa candidate.

C’est certes Kamala Harris, en tant que challenger de Donald Trump, qui portera personnellement la marque de cet échec. Mais celui-ci est davantage le fait du parti démocrate et de Joe Biden en particulier. D’une part, le parti a mis trop longtemps à réaliser que le président sortant ne serait pas apte à incarner la victoire. Alors même que la fragilité physique de ce dernier aurait été au cœur du débat tout au long de son mandat, le parti n’a pas su faire montre le courage de manière à le réaliser. D’autre part, le président sortant lui-même, avec l’expérience qui est la sienne, il aurait dû lui-même très tôt comprendre que son âge et sa fatigue ne lui laisseraient aucune chance. Cette double absence d’anticipation est la principale raison de l’échec de Kamala Harris.

Parce qu’autrement, si très tôt et de manière un peu plus assumée, le parti avait porté son choix sur la vice-présidente sortante, les choses auraient été certainement différentes. D’abord, elle aurait davantage pu disposer de temps pour travailler son projet. Parce qu’à l’évidence, face à Donald Trump dont les choix politiques étaient tout aussi clairs qu’assumés, elle a semblé ne pas savoir ce qu’elle voulait sur certaines thématiques importantes. C’est ainsi qu’elle a plutôt bafouillé sur la thématique de l’immigration. De même, personne n’a non plus compris ce qu’elle proposait sur les crises en Ukraine et au Moyen-Orient. A l’inverse, son message sur la question de l’avortement était sans équivoque.

De même, choisie au tout dernier moment, elle n’a pas eu le temps de se démarquer du volet moins élogieux du bilan de Joe Biden. Et bien sûr, son adversaire en a bien profité.

Mais il faut l’admettre : Donald Trump a surtout profité du poids du conservatisme au sein de la société américaine. Une tendance politico-sociale qui célèbre la virilité et doute encore de la capacité des femmes à conduire les affaires publiques. C’est finalement cette tendance, mêlant du religieux et du populisme et assimilant les outrances et les discours graveleux de Trump à de l’authenticité, qui l’ont de nouveau conduit à la Maison blanche. Un choix qui s’apparente à la peur du progrès. Si avec Barack Obama, un plafond de verre a sauté, décidément, il en reste un autre.

Barry Kadi FM