Diaraye Fofana, handicapée et entrepreneure indépendante
Chaque année, le 3 décembre, on célèbre la Journée internationale des personnes handicapées. L’occasion de dénoncer l’exclusion et la discrimination auxquelles cette couche de la population est généralement confrontée. En effet, pour bon nombre de pays à travers le monde, handicap rime avec incapacité. Il s’en suit que des millions de personnes dans une telle situation, en particulier dans les pays sous-développés, vivent de la mendicité. Mais il y en aussi qui refusent cette fatalité et qui entreprennent pour vivre dignement de leurs activités. Diaraye Fofana est l’une de ces personnes, courage et résilience chevillés au corps. Elle s’est confiée à Kadi FM pour un témoignage inspirant.
Diaraye Fofana sait ce qu’est la résilience. A l’âge de deux ans, une mystérieuse maladie l’a laissée avec une déformation de la colonne vertébrale. Aujourd’hui indépendante avec son propre business à gérer, la jeune femme en situation de handicap raconte son parcours de vie plein d’enseignements.
Petite fille, la maman de Diaraye Fofana l’emmenait à l’école, ainsi qu’à l’hôpital pour suivre des soins : massage, acupuncture… « Ma mère voulait que je me déplace en fauteuil roulant, mais j’avais le pressentiment qu’elle allait me quitter tôt, et désirais par-dessus tout être indépendante, marcher seule. J’ai donc tout fait pour marcher en béquilles, et ça a fonctionné », raconte-t-elle. Et justement, à 14 ans, sa maman décède et Diaraye se retrouve seule. Plus personne pour l’accompagner à l’hôpital, elle arrête les soins. Elle quitte aussi l’école quelques années avant d’y retourner pour passer son brevet. Elle suivra par la suite une formation de trois ans en secrétariat informatique.
Se refusant à rester à la maison, Diaraye Fofana a connu plusieurs ‘petits boulots’. « J’avais une boutique à Kindia en collaboration avec un entrepreneur vivant en Angleterre, puis j’ai vendu de l’électro-ménager, j’ai ensuite travaillé pour Orange Money, vendu des tickets de loterie… Aujourd’hui je suis en train de monter un site de vente en ligne de vêtements : Dear Lady », confie-t-elle non sans fierté.
Pour monter son business, la jeune femme a bénéficié de l’aide de la Fondation Internationale TIerno et MAriam (FITIMA), située à Conakry. « Fitima m’a appelée un jour pour me proposer une formation d’un mois en entreprenariat, puis m’a accompagnée et financé mon projet courant 2024. Fitima aide beaucoup de personnes en situation de handicap, c’est formidable tout ce qu’ils font ! », témoigne Diaraye Fofana, reconnaissante.
Désireuse de rencontrer d’autres personnes en situation de handicap, Diaraye Fofana utilise les réseaux sociaux en quête de profils particuliers. Elle y fait une rencontre décisive, qui devient rapidement une amie, et qui inscrit Diaraye à un apprentissage d’un mois en informatique et en développement personnel. Cette formation délivrée à dix personnes en situation de handicap est proposée par l’institut TEELAF à Conakry. « J’y ai rencontré beaucoup de personnes comme moi », s’enthousiasme la jeune femme.
Diaraye Fofana a connu bien des obstacle depuis sa plus tendre enfance, et sans bénéficier d’aucun soutien public. « En Guinée, les personnes en situation de handicap ne sont pas prises en charge, et finissent bien souvent par quémander dans la rue », déplore la jeune femme. Diaraye Fofana peut être par conséquent fière de son parcours. Kadi FM lui souhaite bonne route !
Marion Bouche pour Kadi FM